50 organisations appellent à refuser l’accord avec la Nouvelle-Zélande
Les eurodéputés analysaient les lundi 23 et mardi 24 octobre 2023 en commission INTA (commerce international) l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande. 50 organisations ont appelé à refuser la ratification de cet accord, incompatible avec les objectifs climatiques selon elles.
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Un accord commercial à près de 20 000 kilomètres de distance. C’est ce que dénonce le collectif Stop Ceta qui lutte contre différents projets d’accords de libre-échange internationaux entre l’Union européenne et le Mercosur, les États-Unis, ou le Canada, par exemple. Dans son viseur cette fois-ci, l’accord avec la Nouvelle-Zélande en discussion en commission INTA au Parlement européen ces 23 et 24 octobre.
Cet accord arrivera sur la table des eurodéputés en session plénière du 21 au 23 novembre prochain. Signé par la Commission européenne et le gouvernement néo-zélandais le 9 juillet dernier, l’accord prévoit d’augmenter les échanges bilatéraux des deux régions de 30 % en dix ans en réduisant notamment les droits de douane entre les deux pays.
Désaccord avec les objectifs de neutralité carbone
Les 50 organisations, dont La Confédération paysanne, France Nature Environnement et Les Amis de la Terre, espèrent pouvoir interpeller les eurodéputés sur un accord qu’ils considèrent incompatible avec les objectifs de la neutralité en carbone. « Les libéralisations prévues menacent d’accroître des flux commerciaux nuisibles qui pourraient contribuer à augmenter les émissions de gaz à effet de serre, réduire la biodiversité, précariser l’emploi et aggraver les inégalités sociales », alerte le collectif.
En plus de souligner l’augmentation des gaz à effet de serre produits par le transport des marchandises entre deux régions à près de 20 000 kilomètres de distance, les organisations dénoncent les conditions de travail précaires des secteurs qui seraient bénéficiaires de cet accord : l’agriculture en Nouvelle-Zélande et l’industrie manufacturière dans l’Union européenne.
Crainte d’une concurrence déloyale
De l’importation de produits agricoles néo-zélandais, les organisations redoutent une aggravation de la situation de l’agriculture européenne. Pourquoi ? À cause de l’augmentation des quotas d’exportation de viande vers l’Europe, « alors que les coûts de production en Nouvelle-Zélande sont plus faibles qu’en Europe », précise le collectif.
Le collectif Stop Ceta dénonce aussi l’absence de dispositions concernant le droit des Maoris, le peuple indigène de la Nouvelle-Zélande, et des investissements des entreprises « ni soumis à de critères de soutenabilité, ni à d’obligations contractuelles sanctionnables tels que l’environnement ».
De son côté, la Commission européenne maintient que cet accord de libre-échange « apportera des avantages considérables à l’Union européenne ». Elle cite notamment des exportations annuelles de l’Union européenne pouvant aller jusqu’à 4,5 milliards d’euros. Parmi ces exportations, la Commission européenne mentionne la viande porcine, le vin, le vin mousseux, le chocolat, les biscuits et les sucreries.
Tentatives de régulation
Face aux reproches émis sur la hausse des émissions de gaz à effet de serre, la Commission européenne assure qu’ont été pris « des engagements sans précédent en matière de durabilité ». Ils correspondent en particulier à la possibilité de prendre des sanctions commerciales en cas de violation des normes fondamentales de l’Organisation mondiale du travail et de l’accord de Paris.
Ces « quelques changements », jugent les organisations, « ne modifient pas les structures fondamentales de l’actuel système ». Un système ancré dans un « modèle de production et de consommation qui est à l’origine de la crise climatique, de la dégradation de l’environnement et des inégalités sociales au sein de chacun des pays ».
Gatt et OMC : quand l’agriculture se mondialisa (22/03/2023)
Le collectif encourage les citoyens à envoyer un courrier électronique aux eurodéputés pour les appeler à ne pas ratifier le traité lors de la séance plénière du Parlement européen, à la fin du mois de novembre.
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